lundi 29 janvier 2018

Avis de passage

Bonjour, bonsoir. 
Vous qui êtes arrivés ici, ce message se doit d'être compris à sa juste valeur.

La lecture dans laquelle vous allez vous plonger, nécessite de toujours garder un pied sur terre, et de se remémorer que tout ceci, n'est que PURE FICTION. 


 Certaines scènes à venir sont choquantes et empreintes d'une lourde noirceur. Cependant, ce choc et cette noirceur, sont bien enfermés dans les songes et destins des protagonistes. 

 Bonne lecture -avertie-. 

lundi 8 février 2016

Prologue


Mithreïlid, La Terre Intemporelle

Voyez-vous, je suis certain qu'une infinité de mondes existe, et pour être plus précis, une infinité d'univers différents les uns des autres, nous entoure. Nous ne faisons jour après jour, que traverser différentes strates et dimensions dans lesquelles nos corps évoluent, dans lesquelles nos âmes se développent. Le monde que je vais vous décrire est à mille lieues de celui dans lequel votre corps se trouvera au moment où vous commencerez à lire ces quelques mots.

Il s'agit d'un monde de Magie et de Combat, où tout être naît avec une vocation, une caste, et grandit selon des rites qui lui sont propres. Les plus vieux récits nous parlent de puissants fondateurs au nombre de treize, je ne vous l'ai pas encore dit, mais l'ensemble de tous les territoires dans lesquels nous vivons se nomme Mithreïlid, le continent perdu dans le temps. 

  Qui dit treize fondateurs, dit treize castes, toutes animées par des déterminations bien différentes les unes des autres. 
 Certaines des personnes peuplant notre monde, vont donc être issues de familles guerrières, d'autres ont été capables dès leur plus jeune âge de comprendre les bases des arcanes et deviendront par la suite des manipulateurs de magie. Mais n'allez pas vous dire que la population de ce continent se scinde seulement en deux clans : d'un bord les attardés fonçant -en hurlant- au combat, épée tirée, et de l'autre les intellectuels -toujours avec un grimoire à la main-, cherchant à vous transformer en grenouille. Non. Certains abandonnent tout bonnement l'idée de combattre et deviennent des artisans, il faut de tout pour faire un monde, pas vrai ?


Au moment où j'écris cela, nombreux sont ceux qui vivent de grandes épopées, voyageant au gré de leurs quêtes, de leurs périples. Après tout, nous vivons à l'époque des Héros, des chevauchées épiques mais... lentes. Après tout, nos plus rapides moyens de transports sont des montures, hissées sur deux pattes, hybrides -légèrement débiles- issues d'un croisement entre une poule géante, un sanglier et un Dragon, vous imaginez un peu cela ? Et bien je l'espère car il vaut mieux les avoir en tête plutôt qu'en face de vous -ces créatures puent et sont toutes autant malodorantes que dépourvues d'intelligence-. Mais passons.

Nos maisons sont faites de pierre, de paille et de bois, nos routes sont un assemblage de larges pavés grotesques et mal taillés, qui, -comme par magie- après plusieurs heures de marche, transforment vos pieds en steak et votre dos en bouillie. Oui nous vivons dans une époque belle et bien médiévale. Oh, je vous entends déjà croire que nous ne sommes qu'un peuple de paysans, cependant, détrompez-vous. Nous avons déjà découvert toutes les transformations possibles du minerai et donc le métal ; bien que ce dernier soit une ressource rare et convoitée uniquement dans le but de forger les armes et les premiers mécanismes -quand je vous disais que nous n'étions pas un peuple dénué de connaissance-, nos constructions en sont donc dépourvues, et tant mieux car seul un fou pourrait vouloir construire un bâtiment en métal, tellement c’est laid !


Ensuite, j'aimerais pouvoir vous décrire plus précisément notre Monde, mais pour ce faire, je devrais en parler en long et en large, cela prendrait des heures, des jours, voire même... des années.
Le temps est d'ailleurs un drôle de paradoxe chez nous : il se tord, s'étend, s'explore, se manipule et se conte. Autant vous dire que nos esprits ne se lassent pas d'essayer de le comprendre, de mettre sous écrits ses étranges fluctuations; cependant aussi riche soit la connaissance du Temps, elle est protégée de notre curiosité dans d'impénétrables temples, ses secrets jalousement gardés par des érudits, son utilisation particulièrement dangereuse et ses matérialisations meurtrières.  
Cela me rappelle que j'ai d'ailleurs oublié de vous parler d'un léger détail. En effet, nous habitants de Mithreïlid, ne sommes pas les seuls à vivre sur ces terres. Des créatures magiques -et d'autres moins magiques, les larves par exemple- peuplent notre monde ; oh, il y a de tout encore une fois, des orcs, des oiseaux, des taureaux bipèdes, des moutons agressifs et belliqueux, des Dragons -oui oui-, des arbres et des plantes qui peuvent se mouvoir -et cherchent à vous dévorer-. Bref, la liste serait trop longue à écrire, alors autant vous dire que nous dénombrons plusieurs centaines d'espèces de créatures non-humanoïdes, toutes bien différentes les unes des autres, domestiquées pour certaines et pas du tout pour d'autres, et que donc, en plus des inévitables querelles entre « humains », nous avons de quoi castagner et fourbir nos aptitudes au combat. Mais je divague..  

Peut-être un jour, aurons-nous la chance de nous « croiser » au détour d'un chemin, d'un bois, ou d'un champs de bataille. Qui sait, ce dont demain sera fait.

Eruxul le Guerri-érudit.

vendredi 31 octobre 2014

Chapitre I : Sérénade de L'Ombre


Face à moi, l'océan se déchaînait, tandis que derrière moi, c'était ma propre âme qui semblait se déchirer sous une tempête que je ne pouvais plus maîtriser. J'avais été trop loin, j'avais engendré trop de morts, j'étais finalement devenue ce que j'haïssais le plus : une tueuse, une bouchère.
Je ne saurais m'expliquer autrement qu'en repensant à mon souvenir le plus lointain. Lorsque je remonte dans ma mémoire, je songe à ma jeunesse, aussi terrible qu'elle ait pu être. Cependant, voilà où j'en suis. Les mains entachées de sang, puis de quelle jeunesse suis-je réellement en mesure de parler ? Quel âge avais-je à ce moment-là? 
Je crois m'en souvenir.  Je n'avais que 15 cycles solaires. 

 J'étais une petite fille qui vivait seule avec une femme, étant sûrement ma mère. Elle prenait plaisir à m'élever, son sourire le montrait, du moins je le croyais.

 On m'appelait Evialg, en l'honneur d'une Divinité qui était étroitement liée avec moi. Cette dernière symbolisait la plus grande source de puissance du Monde, mais tout ça m'était déjà flou...
 Je m'épanouissais au milieu de monstres hirsutes et de créatures de pierres immenses, pullulants dans cette zone, les affrontant jour après jour. Les quelques personnes que je connaissais n'avaient pas grand mal à me reconnaître. J'avais des cheveux magenta et de grands yeux blancs. J'accomplissais avec régularité les cultes envers ma divinité, m'obligeant à traverser les montagnes pour prier dans un temple dédié au culte d'un Dragon. Ma foi m'aurait dicté une voie belliqueuse, aussi, je refusais de massacrer et de tuer les aventuriers peu nombreux, passant aux alentours de notre demeure, ne serait-ce que pour ne pas ressembler aux démons, qui d'après Mère étaient de la pire espèce de vauriens vivants dans notre monde, ne semant que haine et panique sur leur passage. Tout était question de malhonnêteté.

 Aujourd'hui, était mon grand moment, j'allais enfin partir de moi-même vivre l'aventure. Nous partions donc ma génitrice et moi ce jour-là sur notre monture, emportant un grand sac de provisions et de tissus. La direction que nous prenions était celle d'une cité dont les remparts semblaient de loin être ceux d'une ville noyée par la mort, par la souffrance. Je frissonnais en apercevant les nuages épais et ténébreux recouvrant les Landes Sombres, m'interrogeant nerveusement pourquoi nous nous y dirigions.

 Arrivées à vue des murs de la morne ville, ma mère descendit de la monture, et me tendit les bras pour que je la suive à mon tour. 
 Je m'éloignai inconsciemment, voulant chasser deux créatures humanoïdes se trouvant derrière un rocher. Je luttai pour les mettre en pièce, et fière de mon exploit, je voulus l'annoncer.
Mais lorsque je sortis de derrière l'imposante pierre, je n'aperçus que la poussière soulevée par la monture, repartant . Je m'écroulais au sol en larmes. Insultant celle que je croyais être ma mère,de toutes  les ignominies qui me passaient en tête.
 Paniquée, perdue, assoiffée et affamée, j'errais dans les landes depuis sûrement plusieurs jours. Assise sur une pierre, pleurant les quelques dernières larmes de mon corps, j'entendais finalement de lourds pas venant vers moi. Peut-être venait-on me sauver ?! Je me mettais à faire des grands gestes avec le peu de force qu'il me restait.  
Seulement, de plus près, je remarquais des lances immenses, portées par des hommes en armures sombres et arborant un macabre drapeau.
 Je me mis à courir, du plus vite que je le pus, mais trébuchai m'écrasant au sol. J'étais épuisée.
 Derrière moi, j'entendais des rires moqueurs et sentais que quelqu'un m'approchait. Une main me saisissait par les cheveux, j'hurlais, mais on me passait un foulard en travers du visage, m'empêchant de crier.
 Me contractant je fis un bond de côté, saisissant à ma taille mon épée. L'un d'eux sourit, puis sauta au sol. Il se dressa en face de moi et pointa vers moi sa lance. Je me glissai habilement sur ses côtes, lui déchirant l'abdomen d'un coup. Il s'écroula et deux autres gardes se dressèrent face à moi, je m'apprêtai à m'élancer pour les abattre, quand je sentis un coup derrière mon crâne. Je tombai à terre, et là, plus rien.

 J'ouvrais les yeux, les mains bloquées par de lourdes menottes, elles-mêmes accrochées par une chaîne au plafond et ayant mes jambes entravées par un système pareil à celui me brisant les poignets. Il faisait plutôt sombre et l'endroit dégageait une odeur désagréable. Je devais être retenue dans des cachots… Mais pourquoi, qu'avais-je fait ?
Toujours tiraillée par la faim et la soif, je remuais, de sorte à ce que l'on me remarque ou pour le moins que l'on constate que j'étais vivante. Le bruit métallique des chaînes contre la pierre se mélangea à un bruit nouveau. Une lame ou un autre objet en fer devait traîner sur le sol, quelqu'un venait donc.

 La silhouette était enfin perceptible, portant à la main une torche et dans l'autre une planche en bois sur laquelle étaient posés un morceau de pain et un pichet. L'ombre ouvrait la cellule, posant le flambeau sur un reposoir appliqué au mur. Je voyais son visage, celui d'un jeune homme, mais il était comme empli de violence et de méchanceté. Il passa ses mains derrière ma tête, détachant le tissu m'empêchant de respirer pleinement. Je prenais une grande bouffée d'air depuis fort longtemps, mes poumons semblaient exploser tellement ils étaient comprimés.
 Il me tendit alors, près de la bouche le morceau de pain, je le croquai avec envie, mais j'eus plus de mal à l'avaler, constatant qu'il était rassis, moisi. Je le mangeai avec dégoût. Il mit ensuite face à mes lèvres le pichet, qu'il versa tout d'abord délicatement, puis me vida dessus violemment, renversant l'eau sur tout mon corps, me faisant frissonner tant elle était froide. Il laissa le bout de bois en feu dans la cellule, et partit.

Toujours fatiguée, j'essayais de fermer les yeux pour me reposer mais la lumière m'en empêchait. Je ne réussissais à m'endormir que lorsqu'elle s'éteint, le combustible consumé. Malgré la position forte inconfortable, je pouvais enfin dormir et avais le sentiment de reprendre un peu de force. Mais le repos n'allait pas durer.

Je fus réveillée par une gifle violente. Deux hommes ricanant très désagréablement. L'un d'eux s'exclama :
« Finalement, tu es bien plus jolie que tu ne le paraissais, pourtant te regarder te roulant au sol, c'était plutôt marrant. Qu'en dis tu Trezc ?
-Effectivement, l'autre jour, on aurait dit qu'elle ressemblait bien plus à un porcelet qu'à une fille. Il se mit à rire bruyamment.
-Oui c'était tout à fait ça, un porcelet se roulant dans la poussière. Il suivit son camarade dans leur délire puis reprit. Bon et si on s'amusait un peu avec elle maintenant ?
-Ne me touchez pas ! Criais-je, en me débattant du plus que je le pouvais. Bande de porcs ! J'aurais votre peau ! Vous m'entendez !
-On t'entend ça, oui. Mais enchaînée comme tu l'es, je ne vois pas ce que l'on risque.
-Puis les ordres sont clairs.
Lâchait l'autre. Faites-la souffrir.
-Quoi ? Mais de qui sont vos ordres, de qui ?! Désespérais-je, ne comprenant pas ce que j'avais fait pour me retrouver ici»

L'un d'eux s'approchait de moi, mais je lui crachais au visage, lui hurlant de partir. Voulant à tout prix l'éloigner de mon corps.
«Mais c'est qu'elle résiste la peste, je me serais plutôt contenté de ne pas résister si j'avais été toi.»
Il arborait un sourire odieux, sortait une dague fine de son ceinturon et s'en servait pour découper d'un éclair argenté les liens de mon haut de tunique, me coupant légèrement sous le cou. Ses deux mains se plaçaient sur ma chair, me la touchant vicieusement. Je criais autant que je le pouvais, sans pour autant avoir un quelconque espoir « d'alerter » qui que ce soit ; je me trouvais dans la cité du mal et de l'agression, ceux qui m'entendraient, au mieux viendraient se divertir de ma situation désastreuse.

C'est ainsi que le désespoir s'emparait de moi.

 L'autre garde passait derrière moi, me mordant le cou à pleine dents et plaçant ses mains sur mes hanches. Je les sentais descendre et atteindre le haut de mon pagne, qu'elles déchiraient, me mettant à nue. Je les suppliais d'arrêter, le souffle coupé par la panique et le stress. 

 Cependant, ils n'en firent rien et retirèrent leurs bas. Je me mis à pleurer sous la violence de leurs étreintes, mon corps forcé par ces deux malades, exploité tel celui d'une esclave. Tout juste assez mûr, pour apaiser tous les fantasmes de ces monstres sans cœur ni âme ; je pleurais de toutes les larmes de mon corps, éprouvant un profond dégoût et me laissant aller à une terrible envie de mourir et en même temps de me venger.
"Je vous tuerai. Je vous tuerai"
Mon souffle se tarissait, je me tordais de douleur, je m'abandonnais aux griffes du désarroi. Je finissais par m'évanouir.

« Pourquoi moi ? »

 Parfois il m'arrivait de rêver. De revoir le soleil, de vivre, de m'épanouir, mais l'obscurité m'emmenait loin de mes rêves et me ramenait à cette cruelle réalité.
Je continuais de subir régulièrement, les sévices sexuelles de ces malades et fourbes, parfois, je n'étais pas consciente, mon âme n'était plus, j'avais cessé d'espérer, j'allais mourir, je le voulais et le devais, j'étais souillée. Mais malgré cette envie d'abandonner, de ne plus penser, je sentais en moi de plus en plus, une énergie émanant de la haine que je portais envers ces fous.

 Un jour, alors que je perdais mes songes dans l'obscurité de ma cellule, l'un des gardes s'approchait de moi et m'assénait une gifle. Elle m'avait paru plus violente que toutes les précédentes, plus méchante. Il venait pour assouvir son vice, se plaçant comme tous les autres, derrière moi, j'entendais la boucle de sa ceinture heurter le sol, le bruit strident de l'écho du métal sur la pierre se répercutait en un immense frisson sillonnant mon dos. Quelque chose en moi venait de s'éveiller. Quelque chose brûlait en moi.
 Tandis qu'il allait profaner mon corps, que ma chair allait encore souffrir, que j'allais encore vouloir m'abandonner à la mort, je faisais violemment éclater les chaînes me restreignant les jambes. Je le repoussais, puis par une acrobatie, je me défaisais de mes liens en les rompant. Virevoltant dans l'air, je retombais sur le garde, malaxant son crâne de mes doigts et le projetant violemment dans les grilles, volant à leur tour en éclats. Je cherchais de quoi me vêtir, je ne trouvais rien. Qu'importe, je massacrerai qui me retiendrait, nue, rien ne pouvait plus m'en empêcher.

 Je prenais instinctivement possession d'une nouvelle puissance parcourant mes veines, je faisais apparaître une longue épée de ma main. Elle était blanche, immaculée, il en émanait une aura apaisante. Une douleur me déchirait le dos, je m'affaissais sur le pavage froid. Mon dos se fendait, de vives effusions sanguines enveloppaient ma peau gelée, je croyais que mes os allaient quitter mon corps, mais non. Deux ailes pâles et lumineuses venaient d'éclore de ma peau.
 
Qu'est ce que j'avais fait pour que cela se produise ? Quel était ce sentiment qui me consumait de l'intérieur ? Était-ce ça l'injustice ?

Je n'avais pas le temps de penser. J'allais noyer mon âme dans le sang de ces monstres, je le désirais. La colère emplissait mon esprit bien plus que nul autre sentiment, il n'y avait dans ma tête plus aucune place pour la pitié ou le pardon. Je relâchais ma fureur avec violence pour faire sauter tous les murs de la prison. Les gardes s'attroupaient pour me faire face, comme paniqués, surpris. Leurs yeux s'ouvraient, puis leurs têtes volaient sous ma lame. La terre sous mes pieds tremblait, je mâchais le sol à chacun de mes pas, courant frénétiquement, sautant sur chaque personne se retrouvant face à moi. Je reconnaissais finalement parmi les troupes les visages vicieux et l'odeur purulente des deux hommes qui avaient été les premiers à me salir.

 Je stoppais ma course et m'approchais d'eux lentement, faisant disparaître mon épée de lumière. Ils étaient terrifiés. Ma haine s'amplifiait. Leurs expressions devenaient livides comme la mort. Je plantais ma main dans le torse de l'un des deux. Saisissant à pleine main ses organes, que j'extirpais violemment hors de son corps. 
 L'autre se mettait à courir, je bondissais en vitesse, le fauchais en lui cassant les jambes, le regardais ramper quelques instants. Je le relevais en le soulevant par le cou. Je le positionnais contre un mur, tandis qu'il gesticulait pour se débattre, coupant le souffle de tous les témoins de la scène, instaurant un silence morose dans la Milice. 

« Je suis la puissance.  Tu le comprends, ça ? » 

 J'armais mon poing et lui écrasais dans le visage, son sang jaillissait dans tous les sens. Je faisais ré-apparaître ma lame lumineuse, me retournant face aux soldats restants, et me ruais sur eux. La bâtisse volait en éclat.
Le sang et les corps démembrés tapissaient chaque dalle du sol. Cette ville allait être témoin d'un carnage sans limite. Machinalement je tuais quiconque je croisais, femmes et hommes, enfants et vieillards, coupables et innocents. Tous étaient à mes yeux responsables de ce qui m'était arrivé. 

 Mon désarroi s'atténuait, et comme si je me réveillais d'un mauvais rêve, j'ouvrais les yeux. J'étais couverte du sang d'un millier de personnes, tournant sur moi-même, au milieu d'une place quelconque, au centre d'un carnage sans nom, j'avais semé la mort dans ses formes les plus terribles. Mes larmes coulaient à flots. Mon cœur battait anormalement vite. Mon souffle devenait totalement incontrôlable. Mon estomac se tordait, je tombais à genoux, vomissant le pain rassi avalé la veille. Mon corps tremblait, je pleurais, me roulant dans des flaques poisseuses, faites du liquide écarlate, j'étais nue, glacée. Je voyais tous les corps inanimés partout autour de moi... Qu'avais-je-fait ? 
 Je ne pouvais m'imaginer capable de faire ça, ce n'était pas possible. Je devais être entrain de vivre un cauchemar.

  Ce fut cette vision infernale, qui appela mon désir d'oublier, et qui finalement, me conduisit jusqu'à cette île inconnue, comme guidée par mon instinct. Traversant des plaines verdoyantes, marchant à travers de vastes forêts, je finis par arriver à ces falaises, surplombant la mer bleue, cette dernière aussi furieuse que mon esprit.

C'est ainsi que mon souvenir se terminait, que je reprenais le cours de mes pensées.
 Je fermais les yeux, étendais les bras. Derrière moi, les multiples bruits émanant d'un bosquet paisible se mélangeaient aux claquements des vagues sur les parois érodées. La brise marine, remplissait mes poumons d'un air pur, l'odeur du sel pénétrait mes narines.
 Devant moi, ce dernier paysage, qui se devait d'être le début de ma longue fin. Je me retrouvais ici. Les mains tachées du sang de tant de personnes... Tandis que je me pressais le corps, je le découvrais au même moment. Comme si j'en prenais la possession pour la première fois. Mais de quoi, de qui ?

Je faisais trois pas en avant, atteignant le bord de la paroi, puis me laissais tomber. Je ne sentais que le contact d'un rocher solide, me brisant l'abdomen, écrasant ma poitrine et broyant tous mes organes. La caresse de l'eau, liée aux sveltes mouvements des vagues, donnait une dernière fois à mon corps l'impression d'être en vie.

 Hors de moi, les marées se succédaient, le soleil réchauffant cette plage de son éclat sans défaut, l'eau nettoyant à chacun de ses mouvements les galets ronds de cette étendue sablée, le vent marin balayant le ciel de ses nuages.


 Qu'était cette sensation ? De l'eau ? Une forte odeur salée me soulevait l'estomac. 
 On était entrain de me traîner hors de mon grand bain. Je sentais une présence, mes yeux s'ouvraient difficilement, inondés et brûlés par l'iode. Une silhouette floue remuait au dessus de moi, qu'était-ce ? La forme se déplaçait et saisissait mes mains, mon cœur était inactif, mon souffle avait disparu. J'entendais des vagues et sentais la chaleur timide du soleil. Où pouvais-je bien me trouver ? 
 Le froid humide qui me hantait, laissait place à une agréable sensation de chaleur. Ma poitrine se réchauffait sous la pression de deux mains délicates. Deux petites ailes se dessinaient sous mes yeux.

Qu'est ce qu'il se passe ? Qui suis-je ? Où suis-je ?

jeudi 30 octobre 2014

Chapitre II : Mes Mains Moites



Loin des plaines verdoyantes de Mithreïlid, un désert régnait sur les hauts plateaux, au plein cœur des territoires hostiles. Du sable à perte de vue, pas un signe de vie et quelque part en son sein, un Temple, apparaissant au gré des siroccos. 

 Cette bâtisse, j'en étais moi-même partie, drapée dans des guêtres alors trop longues pour ma taille chétive, encombrée d'un sabre trop lourd pour mon petit gabarit, j'avais peut-être décidée à tort de braver cet isolement forcé. Mais à quand cela remontait-il ? Je me souviens seulement avoir toujours affronté les vents irritants, la chaleur cuisante; je me rappelle aussi m'être perdue dans cette étendue sableuse, m'être heurtée à des dunes immenses qui, pas après pas, jour après jour, me semblaient devenir plus petites, alors qu'en fait, c'est moi qui grandissait, emprisonnée dans une cage sans barreaux. Alors je marchais, sans arrêt, sans trouver la voie de sortie, sans jamais croiser qui que ce soit. 

 Sans que les paysages n'aient changé, moi, j'avais évolué. De petite fille fuyarde, j'étais devenue une jeune femme errante. Je ne comptais plus les cycles solaires se succéder, et ne savais pas si un jour je parviendrais à quitter ce désert. 

Depuis plusieurs semaines, j'errais sous ce soleil de plomb, j'étais juste une ombre qui progressait, seule et abandonnée. Un vent plus chaud que d'accoutumée asséchait davantage l'étendue aride et vide. Des gouttes de sang coulaient de mes doigts, se mélangeant avec le sable brûlant, défilant sous mes pieds depuis ce qui me semblait être une éternité. Chaque seconde passée dans ce désert était plus monotone que la précédente. Mes pieds s'enfonçaient mollement dans le sable, ma cape et ma chevelure flottaient au gré du souffle ardent, la sueur ruisselait inlassablement de ma tête à mes pieds, tant de choses en mouvement autour de moi et pourtant, je n'avais pas l'impression d'être vivante. Seule la sensation de faim me rappelait que j'étais encore belle et bien en vie. Mon ventre lui, hurlait depuis de nombreux jours, cependant, ce n'était pas de nourriture que j'allais me rassasier, je ne savais même pas si j'avais déjà mangé autre chose que ma propre chair.

Je m'arrêtais et m'asseyais sur une pierre se trouvant près de moi, plongeant la lame de mon sabre dans le sable. Je me passais la main dans les cheveux, et y récupérais une dague, que j'y dissimulais en permanence. 

 Je l'empoignais de la main droite et me lacérais à trois reprises l'autre bras. La pointe de la lame traversait ma peau, déchirant toutes les épaisseurs de ma chair, son tranchant atteignait une artère et provoquait une importante hémorragie dans mon avant-bras. Je jubilais de plaisir, je sentais mon corps frémir, je savourais la caresse d'un frisson parcourant mon dos. Mon sang giclait maintenant abondamment de la plaie. J'avançais ma bouche de la coupure principale, plongeais ma langue dans l'ouverture et en buvais toutes les effusions sanguines, je me dévorais. Je savais que je ne me nourrissais pas, mais cette goulée avait une saveur exceptionnelle. Ma gorge était inondée par le liquide vital. Je m'affaissais en arrière, chutant de la pierre sur laquelle j'étais assise, le souffle haletant, le plaisir noyant mon crâne, laissant mon corps se soumettre à l'extase. 

Je me demandais souvent dans ces moments d'abandon, d'où je venais, ce que je faisais ici, si j'allais un jour réussir à quitter le désert. Je recherchais mes origines au-delà du Temple, je voulais savoir qui pouvais-je bien être. Dans ces temps de méditation, je fermais les yeux et distinguais parfois une pierre pourpre, de laquelle coulait une substance aussi rouge que mon sang. Cela ne m'aidait en rien, et mes transes s'évanouissaient trop vite. Je restais sans réponse.

J'ouvrais les yeux, m'asseyais en tailleur et reprenais mon souffle. Je recouvrais par la suite mes doigts du liquide cramoisi, dont je me servais pour dessiner sur mon corps. Je me relevais, décorée de nouveaux tatouages, saisissais le pommeau de mon sabre et replongeais la dague dans mon épaisse chevelure sale. Je me remettais en marche. 

Quelques heures passaient, la nuit reprenait tous ses droits, la nue s'éclaircissait de milliers de perles scintillantes, je m'écroulais dans le sable, levais les yeux, et laissais le ciel nocturne me parler. Cette nuit-là, un amas d'étoiles avait attisé ma curiosité, il en émanait une forte lumière ; s'en suivait une chute de ces perles, et moi je voulais voir si elles allaient s'écraser derrière l'horizon que je percevais. Je me relevais et me mettais à courir, sans idée de ma destination, j'essayais de les suivre, jusqu'à en perdre haleine. L'aube me rattrapait rapidement, tandis que les étoiles, de moins en moins lumineuses, continuaient leur descente sur notre Monde, et sans que je ne puisse les atteindre, le désert semblait, enfin avoir une fin. 
  Des nuages venaient voiler le ciel et le soleil matinal. Les premiers hameaux se profilaient à l'horizon, alors que la nue s'obscurcissait de plus en plus. Le sol sous mes pieds se durcissait, et je laissais derrière moi les montagnes de sable qui m'avaient vue grandir.
 J'avançais désormais en terre inconnue, attirant l'attention des regards peu discrets des personnes que je croisais. A la sortie d'un village quelconque, je rencontrais finalement un groupe animé par une grande panique, se précipitant à l'inverse de ma direction. On me hurlait de fuir, pour échapper à une bataille qui faisait rage non loin d'ici. Le mot bataille sonnait à mes oreilles comme un terme familier, sans que je ne l'ai pour autant jamais entendu. Je ricanais à voix basse, ne rebroussant pas chemin, suscitant l'incompréhension de ces derniers. Après plusieurs années passées dans un désert, toute activité, quelle qu'elle pouvait être, serait forcément passionnante. Je continuais donc mon chemin, accélérant le pas, me réjouissant de pouvoir enfin apaiser mon ennui. Plus j'avançais, plus j'avais l'impression que l'atmosphère se chargeait en violence et en douleur, l'odeur du sang et de la flore environnante se mélangeaient, et mon cœur, anormalement battait de plus en plus fort. Je scrutais maintenant des paysages détruits, le sol retourné et battu, comme si des milliers de personnes étaient passées par ici. Ma course était arrêtée par deux hommes, lourdement équipés, ils m’interpellaient
"Halte, civile, pour votre sécurité, vous devez stopper votre périple ici. Me braillait-on. 
-Comment ça ? Répondais-je. 
-Nos troupes sont entrain de lutter contre l'ennemi venant du Sud, les morts s'empilent et nous ne souhaitons pas être dérangés par des civils.
-Je ne comprends pas. Je ne comprenais vraiment pas. 
-Elle est bouchée celle-là ? Soufflait l'un des deux, se frappant le front. Écoutez, vous avez l'air bien gentille, trop pour aller plus loin en tout cas. Les manœuvres militaires que nous effectuons nécessitent champ-libre. Alors ne faîtes pas d'histoire et repartez.
- C'est que... 
Je levais les yeux au ciel, faisant le point sur ce que j'avais compris. Si je suis méchante, je pourrais passer ? 
-Non ce n'est pas ça... L'homme avait l'air médusé par ma réaction. Par gentille, il entendait faible, inapte au combat. 
-Ohlala... Vous ne pouvez pas utiliser des mots plus simples ? Ça serait plus facile pour moi, je ne comprends vraiment rien là. A ces quelques mots, les deux se regardèrent  et levèrent les yeux au ciel. Inapte, main d’œuvre militante... C'est nouveau pour moi tout ça. 
-Manœuvres militairesMe reprenait-on, avec de l'agacement dans la voix.
- Oui voilà, ça. 
-Bon écoutez, on va vous laisser passer, je pense que nous perdons notre temps de toute façon, à essayer de vous faire comprendre ce qu'il se passe. Vous, les intellectuels, il vaut mieux vous laisser à l'action je crois.
- Je suis une intellec-truelle, trop bien ! Place à l'action, alors ! Criais-je, toute contente
-C'est ça oui, c'est ça, intellectuelle."
 On me laissait donc passer, tandis que moi, j'étais fière d'être une intelle-cruelle, ou je ne sais pas quoi. Je traversais une colonnade de tentes abritant des hommes tantôt vivants et d'autres beaucoup moins. Tout le monde semblait un peu nerveux, on me dévisageait, on me toisait, j'avançais, sans me poser de question. Le campement semblait prendre fin, et une colline offrait alors la réponse à mes yeux. Une bataille : c'est plein d'hommes en armure qui se battent les uns contre les autres. 
Les premiers bruits de chocs métalliques sillonnaient l'air. Au sol jonchaient les premiers cadavres, la plupart en lambeaux… Ici avait lieu une vraie boucherie. L'adrénaline brûlait en moi, je n'arrivais pas à me contenter de juste regarder, mon sabre vibrait étrangement, était-ce l'appel de la bataille ? Sans plus attendre, je dévalais la butte sur laquelle je surplombais cette mêlée générale, je glissais et atterrissais dans la boue et les cadavres.

J'étais presque au centre des combats, à ma droite des soldats en noir et rouge, à ma gauche d'autres en vert et blanc. Je me relevais, saisissais le pommeau de mon arme, je devais à présent surveiller où je mettais les pieds, sous peine de trébucher. Il me fallait trouver le centre de cette merveilleuse mêlée. Je sautillais, prenant plus gare aux morts qu'aux vivants. 

 C'est à cause de cette inattention, que je sentais soudainement, la pénétration d'une flèche dans mes côtes -je me mordais les lèvres-, puis les perforations de deux lames, respectivement dans mon thorax et dans mon ventre -mon souffle se coupait, puis accélérait-. On me mettait un grand coup de pied dans le dos, m'enfonçant davantage sur les armes -mes mains tremblaient, mon sabre m'échappait. On me projetait au sol, où je recevais la visite d'une autre épée, cette fois-ci dans le flanc -le plaisir m'envahissait alors sans limite-, se glissant entre tous mes organes vitaux. Je n'en pouvais plus, et finissais par crier : « Quel pied, donnez m'en encore ! »

Un homme me saisissait par les cheveux et me soulevait du sol, sa deuxième main percutait mon corps. Je ne prenais plus assez de plaisir, c'était désormais à moi de guider cette danse. 

Nos yeux se croisaient, je lui crachais un amas ensanglanté au visage et lui rendais son coup de poing en lui broyant la face, il me lâchait.
Je devais maintenant extraire de mon corps, toute la ferraille qui y avait été enfoncée.  C'est sous le regard subjugué de tous les adversaires autour de moi, que j'arrachais une à une les pièces d'arsenal qui avaient traversées ma chair, laissant le sang jaillir en grande quantité autour de moi; les soldats, devant ce spectacle déroutant, se reculaient de quelques pas. Je me passais la main sur le visage, je songeais maintenant à chaque goutte du précieux liquide qui tâchait le sol de ce champs de bataille. J'avais l'impression que peu importe qui l'avait perdu, tout ce qui détrempait la terre était désormais mien. Je me concentrais, le terrain trémulait et l'air crépitait, ne sachant pas comment réagir, les soldats sous l'effet de surprise, lançaient tous les projectiles et armes qu'ils avaient à leur portée, traversant de part en part mon corps, sans même que je ne sente quoi que ce soit, le liquide couleur rubis, continuant de plus belle à se déverser. L'extase s'offrait à moi, elle inondait de nouveau mon corps. J'avais l'impression que chaque goutte écarlate venait à moi, comme si j'étais un océan et que chacune des plaies ouvertes étaient des fleuves directement reliés à moi.
"Tout ce sang, tout ce sang... IL EST A MOI !" Hurlais-je.

 La mare à mes pieds bouillait et finissait par s'élever dans le ciel. Elle se transformait en un serpent sanguin gigantesque. Mes yeux devenaient les siens, et mes dents se retrouvaient dans sa gueule.
 En possession de ma matérialisation, je me ruais sur tous les soldats aux alentours, les broyant sous mes morsures, brisant leurs corps de ma constriction. Je voyais rouge, lancée dans le carnage, je n'arrivais plus à m'arrêter ! Je jubilais à l'idée de pouvoir les massacrer, de pouvoir agrandir ma créature de leur sang, de pouvoir m'en couvrir le corps ! Plus je les dévorais, plus le serpent grandissait et plus il ressemblait à un dragon. Plus, plus, plus, j'en voulais plus !
Cependant, arrivait un moment où j'ouvrais les yeux, reprenais conscience de ce qui m'entourait; plus un homme n'était encore debout. Je me dissociais de l'animal gigantesque qui s'enroulait telle une bête domestiquée autour de moi. Le lieu était recouvert de cadavres et des membres étaient éparpillés partout.

 Il n'y avait plus rien, ou presque plus rien. Seule une silhouette arborant deux immenses ailes blanches, était entrain de courir dans ma direction. Je n'avais pas une seconde à perdre. J'empoignais mon katana et me mettais à sprinter droit vers ce soldat ailé.  

 J'envoyai mon serpent à l'assaut de cet ultime combattant. Le monstre traversa l'air, soulevant tout sur son passage. La terre et les pierres s'envolèrent, l'air se mit à brûler, les nuages se noircirent. Le reptile fondit sur le guerrier solitaire, écrasant sa charge avec rage, poussant un hurlement infernal. Un éclair blanc déchira le ciel et repoussa d'un coup ma matérialisation, la faisant disparaître dans une immense explosion.
Une créature semblable à la mienne, mais pâle fonça droit sur moi, bien trop vite pour que je ne puisse réagir correctement.. Malgré la parade que je tentai, le poids du dragon m'écrasa au sol. Je me retrouvai aplatie et me relevai avec grande difficulté, constatant que mon propre sabre se retrouva planté dans mes entrailles à cause du choc. Je me vidai abondamment, et garder les yeux ouverts devint subitement compliqué.

Tandis que l'immense créature me refit face, je retirai l'arme de mon corps, la plantant à mes pieds, et attendis que le monstre ouvrit ses crocs sur moi, je lui saisis la mâchoire, pour la lui déchiqueter, il s'effondra, disparaissant à son tour. Je criai de rage, submergée par la douleur rongeant ma chair. Je repris mon arme, imbibant son pommeau de l'épaisse substance rouge. Une paire d'ailes de sang se dessina derrière moi, mon appui s'arracha sous mon bond. Pour une première et peut-être dernière fois, je fus conquise; se battre, quelle joie !
Je m'élançai sur la silhouette humaine, cependant, tout se passa trop rapidement. Je vis une chevelure rose balayer le vent, la femme ayant auparavant ôté son casque. Je sursautai pour asséner un coup direct à mon opposante, mais elle se contenta de faire un pas de coté, esquivant mon attaque frontale, et me déchiqueta l'abdomen sans peine, d'un tour de bras.

Je tombais, épuisée, hurlant de souffrance, j'allais me noyer dans mon sang, alors qu'un coup de pied venait de me soulever de la terre, me faisant atterrir sur le dos. Je vomissais du sang en grande quantité. Mes yeux s'entre-fermaient, j'expirais difficilement.
"Fini l'ennui." Soufflais-je, fermant sereinement mes paupières.

La paire d'aile lumineuse s'effaçait lentement. Je perdais connaissance. Je ne le savais pas encore, mais mon histoire allait commencer ici, aux pieds de cette femme que je n'avais pas réussi à vaincre, et qui allait sûrement me laisser pour morte. 


mercredi 29 octobre 2014

Chapitre III : Les Ailes de la Sagesse



« Les souvenirs sont ce que nous voulons qu’ils restent… »

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant d’une lame transperçant mon cœur, tenue fermement par une main d’acier, magnifique extrémité d’un bras féminin. Je succombe sous l’intensité de son coup porté ou peut-être de son charme glacial. Mes paupières se referment et emportent comme dernière image, la plus belle. Je n’arrive pas à distinguer le visage de cette femme, je l’aime mais je ne saurais la décrire. Elle a simplement une beauté qui m’est fatale.
Beaucoup de choses se brouillent dans ma tête, bien que je n’ai jamais eu la moindre occasion d’aborder une femme, je n’en suis pas moins obsédé par une, qui est malheureusement, la plus énigmatique qui puisse exister, ou peut être pas d‘ailleurs ? Il faut se méfier des rêves, j’ai toujours eu un esprit très rationnel, mes seules préoccupations furent pendant très longtemps les livres. Tout particulièrement les grimoires antiques, ceux qui racontaient les épopées des héros de l’ancien temps. Il y avait quelque chose de fascinant dans ces histoires, j’avais avec elles une proximité que je ne saurais expliquer. Enrichi par cette culture inhérente,  j’ai commencé à m’intéresser au monde qui m’entourait, la botanique est très vite devenu mon domaine de prédilection, j’avais semble-t-il un don pour m‘occuper des fleurs, c‘est ainsi que j‘ai acquis une connaissance aiguë des pouvoirs qu‘elles possédaient, des plus bénéfiques aux plus venimeux. J’adorais me pavaner dans les champs, prodiguant mes soins à la flore, je m’asseyais sur quelques racines et complétais soigneusement mon carnet. Mon imagination débordante me donnait des ailes, et mes pensées poussaient à une vitesse folle, j’avais le projet d’écrire un livre en m’inspirant de ces grands ouvrages qui berçaient mon cœur. Le seul dilemme était les personnages, je ne savais pas comment les faire de façon à ce qu’ils soient emblématiques sans être une copie conforme de mes modèles. Je devais donc voyager, pour voir et me confronter à de plus en plus de personnalités.
"Tout est ffffffl… ffffffl… flou… fou… fffffflou."

Peut-être avais-je eu simplement besoin, pour subvenir à cette volonté de comprendre ce qui faisait l'essence d'un personnage complexe, de rencontrer et de vivre avec celle qui des années d'errance durant, allait suivre mes recherches acharnées de nouveaux végétaux, en tous genres.
S’il fallait résumer ma première entrevue et mon association avec Evialg, je crois que "le coup du hasard" convenait parfaitement, je n’ai pas gardé de souvenirs précis de cette époque ni de mes motivations. J'étais juste devenu le voyageur que je rêvais d'être depuis toujours, vagabondant là où je le souhaitais. Puis nous sommes devenus partenaires, depuis cette fameuse journée et cette plage sur laquelle s'échouait une variété bien particulière d'algues qui intéressait mes recherches. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir ce jour-là une telle plante, dans un état dépassant celui de végétatif, mais cependant bien moins verte que des algues, certes, mais bien plus intéressante. Pourquoi être ensemble si nous n’avions rien en commun ? Encore une question sans réponse. Tout ce que je puis dire c’est que sans échanger le moindre mot, nous entretenions un rapport privilégié, je la considérais comme une petite sœur, que j’avais pris sous mon aile alors qu’elle était déboussolée et en piteux état. Ça devait être mon côté altruiste qui me poussait à recueillir d’aussi frêles créatures. 

 Loin de cette île paradisiaque dont je me rappellerais à tout jamais, notre longue route et nos interrogations, pour une fois communes ; nous avaient amenées ici, au beau milieu de ce que je résumerais comme la seule passion d'une population de bourrins, un champs de bataille. Ce qui est certain, c’est qu’il y avait actuellement une multitude d'atrocités sous mes yeux, plus particulièrement une. En possession de tous mes pouvoirs, je me devais d’agir, par delà toute logique combattante, je pansais de toutes mes forces les blessures de ce guerrier ou plutôt de ce cadavre ambulant qui peu à peu reprenait vie ou tout du moins convulsait, annonçant un soubresaut de vie. Le pauvre tas de chair sous mes yeux, s'était jeté sur Evialg, le combat quoi qu'impression à regarder n'avait pas duré très longtemps. D’ailleurs, parlons-en, ce tas de morceaux sanguinolents était anatomiquement parlant, une femelle. Bien loin de me déconcentrer, cette remarque était purement à titre d’observation et la vision de ce corps à demi nu couvert de plaies et de tatouages empestant l'hémoglobine, n’avait sur moi presque aucun effet, si ce n’est une légère empathie constatant qu'elle était littéralement déchiquetée de toute part. Qui pouvait arriver à se mettre volontairement en pièces, à se mutiler de la sorte ? Je me le demande sincèrement, car jamais une telle idée ne serait arrivée aux portes d'un esprit raisonné. A constater son état, la raison devait avoir fuit -et non sans tort- l'esprit de cette créature qui, pourtant semblait si jeune ; si jeune et pourtant si dévastée. Je me perdais à lorgner les cicatrices qui parsemaient son corps. Ses grands yeux s’ouvraient finalement à moi et ses lèvres pulpeuses s’écartèrent pour me cracher au visage, certainement en guise de remerciement. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose d’autre à espérer de la part d’une combattante de cet acabit, selon Evi'. Il s'agissait là d'une attitude dignes de malades mentaux qui étaient très bien dans leur jus, n’empêche que moi, j’avais le visage recouvert de ce jus délicieux et j’aurais pu replonger dans ses plaies pendant des heures encore, mon plaisir était assuré. Elle avait sûrement raison d'appuyer mon premier jugement, cette femme ne devait pas être bien dans sa tête pour s’être infligée toutes ces blessures. Peut être que ce dont elle avait besoin c’était juste un peu d’affection ? Quoi qu’il en soit, elle devait rester avec nous pour un moment, le temps qu’elle soit de nouveau capable de se mutiler seule, ou au moins capable de se déplacer toute seule ; Evialg l'ayant prise dans ses bras à contre-cœur, refusant pour autant de la laisser dans ce charnier, l'amenant avec nous comme si elle amenait une dépouille du champs de bataille jusqu'au cimetière ; avec en tête l'espoir qu'elle s'en sorte, en plus. Voilà un début prometteur au récit que je rêvais d’écrire, rien de tel pour cela que de le vivre.

mardi 28 octobre 2014

Chapitre IV : Chemins Convergents



Aussi loin que je me rappelle. Tne' a toujours été proche de moi. quand je suis apparue sur cette Terre qui m'était comme nouvelle. Nous nous connaissions, tout du moins, il me semblait presque familier. Tout en sachant qu'il s'agissait là d'un paradoxe total, ne me souvenant de rien.
 Le monde lui, était nouveau, j'avais l'impression de fouler des terres inexplorées à chaque pas que je faisais. Les autres personnes aussi... Tout me paraissait inconnu ou étrangement méconnaissable. Je me souvenais à peine de mon nom, si ce n'était pas une affabulation de ma mémoire. Comme si ce détail-là avait lui survécu à mon amnésie totale.

 Avant cette plage, où déjà il se tenait à mes côtés, je n'avais aucun souvenir antérieur de ma vie. Je n'appartenais en rien à ce monde, je ne le connaissais pas et si tel était le cas, je me souviendrais au moins des lieux que nous aurions parcouru lui et moi, mais rien n'en était. Tout restait un flou dans mon Histoire, dans mon Esprit. Je ne savais pas qui j'étais, ni d'où je venais... Il n'y avait que lui, qui occupait donc les quelques bribes de mémoire que j'avais accumulées en sa compagnie.
 Désormais cette drôle de fille, qui cheminait avec nous depuis peu, devenait officiellement la deuxième personne avec qui j'allais sûrement converser, ayant toujours laissé Tnemesnap parler à ma place, sans jamais avoir cherché à me reprocher de qui que ce soit d'autre. Mais cela ne me dérangeait pas d'avoir durant tout ce temps dû être silencieuse; ceux qui parlent, ont des expériences à transmettre. Moi, ma vie était comme vierge, je découvrais tout pas à pas. 

 Je focalisais mon attention sur notre troisième membre du groupe, puisque sans trop savoir pourquoi, je n'avais pas pu la laisser au milieu de cet immonde charnier dans lequel nous avions combattu. Ce champs de bataille dans lequel nous nous étions aventurés pour essayer de comprendre pourquoi une telle guerre avait lieu. La pauvre devait elle aussi se trouver ici par le plus grand des hasards : elle ne revêtait aucune des deux tenues portées par les armées, d'ailleurs je ne savais pas si on pouvait vraiment parler d'habits la concernant, elle n'était recouverte que par de simples guêtres, toutes ensanglantées et déchirées. Nous avions fini par conclure qu'ainsi étaient les choses, multiples groupuscules s’entre-tuaient sans cesse, représentant des cités, des clans, des peuples, des ethnies. Je ne comprenais pas, ma seule volonté de dégainer mon arme dépendait de ma survie et de la menace qui m'entourait. Et sans savoir pourquoi, j'étais dotée d'une habilité sans égal pour me battre. Je devais sans aucun doute avoir aussi oublié mon entraînement. Étais-je moi aussi soldat avant de me réveiller sur cette plage ? 

J'étais muette quant à mon histoire, parce que je ne savais pas. Quant à Tne, lui était juste discret, tout du moins par rapport à ça. Je dois admettre que j'ai toujours été curieuse quant à lui. Il restait un mystère pour moi alors que cela faisait plusieurs décades que nous errions ensemble. Tout était différent de moi chez lui, déjà il avait ces minuscules ailes d'oiseau qui n'allaient pas du tout avec le reste de son corps, qui semblaient n'être là que pour le dénaturer, sa corpulence chétive n'aidait en rien et lui donnait autant de crédit qu'un insecte. Cependant, rien ne semblait jamais le surprendre, il n'était pas spécialement froussard, juste désintéressé et parfois peu volontaire.   J'eus beau lui demander si nous nous connaissions avant, sa seule explication vis-à-vis de notre rencontre était le fruit du destin et du hasard. Il avait ce jour-là vu un cadavre flotter à la surface de cet océan dans lequel il collectait des plantes bien spéciales, et était allé le repêcher.

Quelques heures depuis la bataille et le réveil de l'autre fille s'étaient écoulées. Nous avions cheminé à travers une lande pour nous éloigner des combats, espérant ainsi éviter toute lutte inutile. Avec une blessée sur les bras, nous étions plus vulnérables, quoiqu'elle avait l'air de s'être quand bien remise pour quelqu'un qui s'était fait éventrer, rien que le fait d'avoir survécu en soi... Mais je n'avais pas du tout confiance en elle, après tout, elle était au coeur de l'affrontement quand nous nous sommes faites face, et si je n'avais pas vu son serpent volant à temps, j'aurais sûrement fini en pièces moi aussi. C'était une personne dangereuse, par mesure de sécurité j'avais même récupéré son sabre pour  nous éviter le moindre coup fourré venant de cette énergumène, ce qui avait par la même déclenché chez notre blessée une furie sans précédent auquel j'avais juste répondu en la menaçant, sans trop exagérer, après tout, je venais de la battre, sa vengeance aurait pu être problématique, mais j'avais un ascendant sur elle. Nous marchions paisiblement sur un sentier dégagé, bordé d'une végétation très fleurie, s'engouffrant à l'horizon vers une forêt. Nous étions silencieux depuis que l'étrange fille avait hurlé pour son sabre, elle restait en retrait quelques pas derrière nous, chantonnait par moment, puis finissait par se taire et se mettait à souffler. Tne', lui, marchait à mes côtés, scrutant la verdure et les buissons, parfois regardant le ciel. 

 "Tu as une idée d'où devons nous nous rendre maintenant ? Evi' ? M'interrogeait Tne', interrompant le fil de mes pensées.
-À vrai dire... Je ne sais pas trop. Cela fait des mois que nous suivons ces armées, non ? Finalement, c'était peut-être juste pour tomber nez à nez avec cette fille. Glissais-je, en jetant un regard vers elle.
-Clairement, dans mon cas, ce ne serait pas la première fois que le destin m'amène au devant d'un semi-cadavre. Lançait-il avant de me scruter. Puis, outre sa rencontre, cela nous aura seulement fait atterrir au milieu d'un tas de corps et de membres. Non merci, plus pour moi, en tout cas, pas avant longtemps. Maugréait-il, en se retournant vers l'autre fille. Et elle, du coup ? Que va-t-il se passer, elle va rester avec nous ? 
-Quoi que va-t-il se passer ? Je voulais juste être sûre qu'elle s'en sorte. Pour le reste... Ça m'importe peu, avais-je fini  la phrase dans ma tête. 
-Maintenant qu'elle est avec nous, tu en es un peu responsable quand même. Puis c'est une drôle de philosophie, je t'ai vue en occire quelques uns des soldats, plus tôt, tu ne t'es pas arrêtée pour leur faire preuve de compassion. Non ? 
-Oui, oui, en plus dans son état elle n'aurait pas survécu bien longtemps. En soi il avait raison, j'aurais clairement pu la laisser avec les autres cadavres, alors que là, peut-être avais-je glissé un problème dans nos bagages. Elle n'aura qu'à reprendre son voyage seule au prochain village que nous croisons. 
-Même maintenant, moi ça me va, hein. Venait-elle de couper notre conversation. Si je ne suis pas iblo... boli.. Si tu ne me forçais pas à rester, ça ferait un bout de temps que je vous aurais fauché compagnie. Grognait-elle
-Fauché ? Riait Tne'. Tu ne voulais pas dire faussé compagnie ? 
-Peu importe. Rageait-elle, puis se taisant. 
-Je disais donc... Reprenais-je. Peut-être pourrions nous comprendre ce qui amène les armées à s'affronter de la sorte ? 
-Oula oula, si nous nous intéressons de trop près à cela, il risque d'y avoir des retombées négatives sur nous. Soufflait Tne' d'un ton peu glorieux. Puis qui dit guerre dit combat et... 
-C'est sûr que tu n'as pas l'air taillé pour te battre. Pouffait notre arrière-garde. 
-Bon. Je stoppais mon déplacement et me retournais vers la fille. Écoute toi. Lui disais-je en fixant ses yeux. C'est par sympathie que je t'ai ramassée et portée les premières heures. Grâce nous soit rendue, tu marches et tu parles. Maintenant, si tu pouvais avancer et te taire, sans nous déranger, ça irait aussi. 
-Hé oh. Te prends pas pour sepur... sipur.. Pour la chef, hein. Venait-elle de lâcher en haussant le ton. Moi je ne t'ai rien demandé, tu m'as foncée dessus et après tu me ramasses. Mais moi je veux pas te suivre toi, et le nabot. Fous-moi la paix, je dis ce que je veux en plus. Se renfrognait-elle.
-Pour l'instant, j'ai ton arme, alors tu te tiens tranquille et si tout va bien, comme je le disais, au prochain bourg que l'on croise, tu pars. Et tout le monde sera content. Lâchais-je dédaigneuse. 
-Ah, bah super. Se contentait-elle de répondre. 
-Après elle avait un peu raison. Je ne suis pas tellement un combattant. Et je ne pense pas que cela soit honteux pour autant. Je n'y peux rien si le sang ne m'intéresse pas. Si cela me vaut des remarques, je les accepte. J'ai choisi. Répondait-il sans colère." 

 Tne' était vraiment un personnage étonnant, il ne s'était pas vexé et  avait conservé la tête froide. Il s'exprimait bien,  et avait l'air bien plus sage que moi alors qu'il ne faisait pas plus âgé que nous autres. En effet, sa petite taille et ses petites ailes, lui ôtaient  vraiment toute crédibilité Mais sa voix était calme, posée. Il est intelligent, ça je le savais. Puis, sans que ce détail ne soit des plus importants, il était surtout le seul homme de notre petite escouade. Cela me fit rougir alors que j'étais entrain d'associer les arbrisseaux jonchant le bord du sentier, aux buissons dont on racontait qu'ils abritaient toujours les jeunes couples en pleine recherche d'une fleur rare.  Néanmoins, les années passant, j'avais laissé son genre de côté, cela ne m'intéressait pas vraiment de toute manière. 
 La troisième équipière de notre groupe, à l'inverse, n'avait pas l'air très loquace ou à l'aise pour parler. Du peu que nous l'avions entendue durant sa crise, et même pendant ses quelques mots à l'instant, elle semblait cruellement ne pas avoir appris à parler, ou ne pas en avoir eu l'occasion. Cela lui donnait l'air un peu bête, et pourtant cette idiotie inhérente, ne réduisait pas la dangerosité de cette étrange fille. À songer au fait qu'elle était un peu notre prisonnière, je me mettais à me demander, ce qui faisait que Tnemesnap me suivait. Après tout, notre rencontre remontait déjà à quelques décades, il aurait pu repartir seul et dans une autre direction que la mienne, c'était son droit.

 Le temps était passé si vite depuis qu'il m'avait sorti de mon bain... Songer à la notion de temps, me faisait penser à mon passé, et à tout ce qui avait pu m'amener à me noyer; je ne comprenais pas pourquoi rien ne me revenait, est-ce que mon vécu allait-il être toujours si inexistant ? Allais-je m'endormir un beau jour et tout oublier à nouveau ? Ou à l'inverse, est-ce que si je me rappelais, je ne serais pas déçue de ma vie passée ? Une larme coula de ma joue. Puis deux. Tne' le remarqua, me saisit la main, et je compris qu'il me demandait par le biais d'un regard timide si tout allait bien. Je lui hochais lentement la tête. Il serrait ma main. Je rougissais, puis gênée la retirais de la sienne.
  J'essayais de penser à l'horizon, de me focaliser sur le chemin que nous étions entrain de fouler, de tous ceux que nous allions emprunter... Mais j'étais distraite par les cailloux qui virevoltaient ça et là, que la fille derrière nous s'amuser à envoyer du pied, ricochant sur le sol, rebondissant entre Tne' et moi.. Je les comptais passer,  involontairement, et cela commençait à sérieusement m'agacer.